La guerre en Syrie

Publié le par Gaston Phébus

Les origines

Mon père (Dieu repose son âme) m'avait informé de la sortie d'un livre dont l'auteur, un de ses amis, syrien vivant en France, expliquait en 2009 ou 2010 qu'il y aurait une guerre en Syrie car le Qatar, encouragé par l'Arabie Saoudite et les USA, projetait de construire un gazoduc traversant l'Arabie Saoudite, la Jordanie et la Syrie, et ce, pour alimenter l'Europe dont le principal fournisseur est la Russie !

Vous commencez à comprendre …

La Russie, alliée de la Syrie (depuis les années 50) et donc par ricochet de l'Iran, voit d'un mauvais œil cette opération et incite la Syrie à refuser le passage sur son territoire. Par contre, la Russie voit d'un bon œil le projet de gazoduc islamique partant de l'Iran et passant par l'Irak et la Syrie qui sont dans son giron.

Selon des informations du journal libanais Al-Akhbar publiées en 2012, les Qataris avaient un plan, approuvé par l’administration Obama pour construire un gazoduc Qatari pour transporter le gaz vers l’Europe via la région syrienne de Homs. Bachar El Assad, étant l’allié des Russes, il devait tomber pour que ce projet puisse aboutir.

Le contexte et les forces en présence

Il y a peu d’oléoducs et de gazoducs dans la région. Les gazoducs égyptiens qui lient ce pays à la Jordanie et à Israël ne sont pas fiables en raison des très nombreux sabotages.

L’Iran, dont les réserves prouvées de pétrole le classe au quatrième rang dans le monde avec environ 150 milliards de barils en 2014 est limité pour des raisons internes et internationales (… ou autres …), annonce de la mise en chantier du gazoduc Iran-Irak-Syrie qui a eu lieu en 2011. Les contrats ont été signés en juillet 2012 et la construction devait commencer aussitôt afin de rendre cet oléoduc opérationnel en 2016.

Le second plus important exportateur mondial d’hydrocarbures, le Qatar, est durement touché par la baisse du prix du pétrole et voit son salut dans l’exportation du gaz naturel liquéfié (LNG) qui est toujours rentable mais dont il n’est plus l’arbitre du marché comme il l’était 5 ans auparavant.

L’Arabie saoudite veut limiter le pouvoir politique de son grand rival dans la région, l’Iran, Etat chiite proche de Bachar al-Assad. La monarchie saoudienne estime que la prise du pouvoir des chiites en Irak est un échec. De fait, et afin de s’opposer à l’Iran, la monarchie wahhabite a provoqué une guerre contre les Houthi, une tribu yéménite soutenue par les Iraniens.

En Europe, le géant russe, Gazprom, veut éviter que les Européens recherchent d’autres fournisseurs. Cette stratégie est suivie par l’Arabie saoudite pour son pétrole. L’Union européenne, qui reçoit 30% de son gaz de Russie, était intéressée par le projet qatari qui lui aurait permis de disposer d’un gaz à un prix concurrentiel qui excluait la Russie.

Le président Poutine estime que la construction de ce gazoduc est le résultat d’un « complot » de l’OTAN afin de modifier le statu quo, de priver la Russie de son seul accès au Moyen-Orient et de mettre fin à la suprématie de la Russie sur le marché énergétique européen.

Le « Gazoduc Islamique » aurait permis à l’Iran chiite de supplanter le Qatar sunnite, pour devenir le principal fournisseur d’énergie du marché européen, ce qui aurait conduit à renforcer l’influence de Téhéran au Moyen-Orient. Ce Gazoduc aurait permis de transporter du gaz iranien à travers le territoire irakien et syrien, ce qui aurait renforcé l’Iran et la Syrie ainsi que leurs alliés locaux. Moscou quant à lui a donné son accord à ce projet, qui lui permettrait de contrôler les importations de gaz vers l’Europe à partir d’Iran, de la région de la mer Caspienne et d’Asie Centrale.

La Turquie qui, faisant d’une pierre quatre coups deviendrait un passage vital pour le gaz Qataris vers l’Europe, ce qui lui permettrait de diversifier ses sources de revenus, de ne plus dépendre du gaz iranien, et d’avoir un levier de négociation amélioré avec l’Europe, et également de prendre un leadership dans le monde sunnite, avant encore de permettre l’invasion de l’Europe par une armée ‘d’immigrants’ musulmans du monde entier.

En 2009, le président Assad refuse donc de signer l’accord préparé par les Qataris afin de permettre au gazoduc de traverser la Syrie, cet accord étant contraire aux intérêts de son allié russe.

Déclaration de guerre

C'est le refus de laisser passer le gazoduc Qatari qui déclenche la guerre. Fachés de ne pouvoir passer par la Syrie, le Qatar et l'Arabie Saoudite arment et paient l'opposition Syrienne, les frères musulmans, Al Qaïda et toutes les groupuscules islamiques qui deviendront plus tard Daesh. Les USA, qui voient cette manœuvre d'un bon œil, arme aussi, en douce, ces opposants et incitent la France et la Grande Bretagne à faire de même … chose que Fabius (sous l'impulsion de Hollande) puis Le Drian, s'empressent de faire … sous le silence assourdissant des merdias français !

Le Qatar joua un rôle décisif pour isoler Bachar al-Assad diplomatiquement. En effet, sous la pression du Qatar, le représentant de Assad à la Ligue Arabe fut remplacé par un représentant de l’opposition syrienne. En agissant de la sorte, le Qatar a remis en cause les bonnes relations qu’il avait avec l’Iran.

Les Etats-Unis étaient favorables au projet qatari afin d’affaiblir les Iraniens et de diversifier les sources d’approvisionnement du gaz en Europe. Quant à la Turquie, elle estime que le gazoduc qatari lui aurait permis de devenir une plaque tournante entre l’Asie et l’Europe.

La guerre

Les conditions sont donc réunies pour que la guerre éclate, alimentée par toutes les factions islamiques payées, en argent et/ou en armes par les USA, l'Arabie Saoudite, le Qatar voire la Turquie. Mais ces manigances leur "pètent dans la gueule" car ces factions coalisées deviennent … DAESH !

Le conflit fait non seulement des dégâts au Moyen Orient, mais il s'exporte en Europe et aux USA.

La population syrienne fuit le pays afin d’échapper parfois au régime de Bachar al-Assad mais surtout pour échapper à ses ennemis sunnites financés par les Etats du Golfe qui veulent renverser l’Etat alaouite en Syrie. Mais il est de bon ton que les merdias européens et américains disent que les réfugiés fuient le régime du barbare Bachar al-Assad !

La guerre vue de France

Jean-Luc Mélenchon, pour une fois lucide, l’évoquait déjà en janvier ou à l’été 2016 : selon lui, le conflit syrien est une guerre de « gazoducs et de pipelines ». Le candidat de La France insoumise a de nouveau tenu ce discours à Marseille devant 70 000 personnes, dimanche 9 avril : « Ces guerres ont eu parfois la religion pour prétexte, mais elles n'ont jamais cessé d'être autre chose qu'une dispute pour accaparer les matières premières. Les convois des armées, les voyous et les brigands armés jusqu'aux dents, ils n'ont jamais rien fait d'autre que détruire les pipelines et les gazoducs. »

D'ailleurs, dès août 2012, un éditorial publié sur le site d’Al-Jazira, qui pose les premières pierres de cette théorie des pipelines.

Les attaques chimiques

Depuis 2011 les rebelles ont envahi la Syrie. Ils ont envahi le territoire, certes, mais aussi les usines de fabrication des gaz toxiques. Il devenait alors facile pour ces rebelles de gazer quelques syriens en accusant Bachar el Assad, ce qu'ils firent … en accusant le gouvernement syrien de ces exactions !

Les USA connaissaient la vérité mais trouvaient le prétexte inespéré pour pouvoir bombarder la Syrie et contenter ainsi leurs amis saoudiens et qataris. La France en la personne de Hollande prêt à tout pour pouvoir se faire appeler "chef de guerre" et pour pouvoir plaire au sieur Obama s'offrit dès le début à faire partie de la "petite coalition".

Malheureusement pour Hollande, Obama, après discussion avec son entourage qui connaissait la vérité et qui lui fit remarquer qu'il n'y avait aucune preuve pour accuser Bachar el Assad, arrêta tout au grand désespoir de Hollande !

Les frappes de 2018

C’est donc avant le résultat de l’enquête que devait produire l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques qu’ont été déclenchées les frappes des trois alliés !

La loi du plus fort est donc toujours la meilleure. C’est ce qu’on retiendra de l’intervention américano-anglo-française en Syrie dans la nuit du 13 au 14 avril 2018. Sans mandat de l’Organisation des Nations unies, les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et la France ont attaqué un État souverain, alors même que ces trois pays sont membres permanents du Conseil de sécurité de cette organisation.

L’honneur est sauf. Les justiciers ont vengé le sang du peuple syrien massacré par le méchant Bachar. À l’issue d’une enquête fictive aussi approfondie que celle sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, le verdict a été rendu : c’est bien le régime syrien qui a frappé chimiquement le dernier quartier de Douma encore aux mains des islamistes.

Pourtant on sait, avec preuves filmées à l’appui, que lors de la libération de La Ghouta, des stocks importants d’obus chimiques ont été découverts … chez les « rebelles ». Alors, pourquoi, sans preuve, les médias et les politiques de l’ouest accusent-ils Assad et Poutine de crimes de l’humanité ?

Le Président Macron a pu venger l’honneur bafoué de son brillant prédécesseur qu’Obama n’avait pas voulu suivre dans sa folie destructrice pourtant il a des preuves : on espère les voir un jour… comme celles de George W. Bush et Tony Blair, qui mentirent pour justifier l’intervention en Irak en 2003. De toute façon, elles sont superflues, car quelques heures après les vidéos envoyées par les gentils islamistes appelés Casques blancs, Donald Trump avait décrété que le coupable était « l’animal » Bachar. Si le patron l’a dit, alors…

Quelle légitimité de cette intervention, en droit international ? Pour la France, nous avons la réponse depuis samedi matin : la « ligne rouge fixée par la France en 2017 », comme l’a déclaré le président de la République dans un communiqué. Traduisez : la ligne rouge que Moi, Emmanuel Macron, j’ai fixée au début de mon mandat.

Pourtant je rappelle qu’à la suite de la résolution onusienne de septembre 2013, et l’action consécutive de l’agent exécuteur (l’OIAC), la Syrie était censée ne plus posséder de capacité chimique depuis 2014 !

Plus de frontières, plus de règles, des lignes rouges qu’on a fixées unilatéralement : le monde d’Emmanuel Macron ? La loi du plus fort. Et, dans tout cela, à quoi sert l’ONU ? Nous avons eu la réponse ce 14 avril 2018.

Le plus rigolo, façon de parler, c'est que l'OIAC (Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques) ne s'est rendue à la Douma que le lendemain des représailles pour faire leur enquête !

L’erreur des Occidentaux dans la bataille d’Alep qui ont soutenu les « rebelles » terroristes en condamnant les faux bombardements sur les hôpitaux où étaient retenus des milliers d’otages civils Alep n’aurait-elle servi à rien ? Y-a-t-il d’un côté les méchants du « régime » syrien soutenus par les Russes, et de l’autre les gentils terroristes dont on sait qu’ils maintenaient prisonniers des milliers d’habitants dans Alep Est puis dans la Ghouta ?

Tout cela ne sert donc à rien, et heureusement, d’ailleurs ! Pendant ce temps, les Saoudiens tuent les Yéménites et les Turcs tuent les Kurdes avec des armes américaines, françaises et allemandes. Le droit international moderne est tout à fait distrayant.

Pour finir …

L'enfant soi-disant victime d'une attaque chimique raconte …

https://youtu.be/AL3I-tr1N-E

Publié dans Moyen Orient

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